Une nouvelle génération !
Quelles seront les grandes tendances qui porteront les créations d'entreprises ces prochaines années ?
Nous voyons deux grandes dynamiques. La première autour du local, de la simplicité et du social, qui vont continuer à se fortifier. Un retour en arrière, finalement, que l'on pourrait appeler post-archaïsme. C'est le modèle initié par La Ruche Qui Dit Oui, par exemple, cette plate-forme de vente qui favorise les échanges directs entre producteurs locaux et communautés de consommateurs.
On verra plein de projets qui miseront sur l'alimentation plus saine et les circuits courts, comme un restaurant qui prépare des plats à base de fruits et légumes hors calibre. Ou celui qui livre ses matelas à vélo même si on les a commandés en ligne.
C'est une modernité qui s'ancre dans des pratiques plutôt anciennes. Beaucoup d'étudiants cherchent à donner du sens à leur projet et s'inscrivent dans ce courant-là.
Quel sera le deuxième grand courant ?
C'est un courant post-futuriste. Des choses qu'on imaginait être de la science-fiction deviennent réalité.
On est au coeur de la tech. A l'intérieur de ce courant, on peut identifier trois tendances.:
- Celle qui va renforcer l'automatisation des taches avec le Big Data et les technologies autoapprenantes, par exemple.
- Ensuite, la tendance à casser la centralité des systèmes en passant par la blockchain. Vont se construire des réseaux décentralisés qui vont remettre en question les acteurs centraux. On peut imaginer que les Facebook, Airbnb ou Uber soient dans l'avenir disruptés par cette dynamique-là, même si ce n'est pas pour demain.
- Et, enfin, troisième tendance, la transformation de l'humain grâce aux technologies les plus avancées. C'est le concept de l'homme augmenté avec des techniques innovantes comme l'impression 3D de peau ou les exosquelettes.
La « deep-tech » d'un côté, le retour à l'humain et à l'authentique de l'autre : ces deux grands mouvements semblent contradictoires. L'un va-t-il prendre le pas sur l'autre ?
Ils vont se développer ensemble et toucher tous les secteurs. On peut les faire vivre simultanément dans plein d'industries différentes. Dans la « silver économie », par exemple, on va retrouver à la fois des concepts très innovants comme des objets connectés et en même temps des projets low-tech basés en grande partie sur les rapports humains, à l'ancienne.
Changer le monde, n'est-il pas le point commun des créateurs aspirant à suivre ces deux voies ?
C'est une autre logique entrepreneuriale qui se révèle. La nouvelle génération d'entrepreneurs rêve de changer la face du monde. Elle pense qu'elle est capable d'améliorer la vie des gens plus vite que les politiques ou les activistes. Bien sûr, ces néo-entrepreneurs veulent réussir financièrement, mais tout en contribuant à façonner un monde nouveau. Santé, éducation, environnement… dans tous ces domaines, les défis sont immenses. Pour mener à bien leur projet, certains vont très loin dans l'utilisation des nouvelles technologies ; d'autres pensent qu'il faut ralentir, revenir au local et à l'humain.