Grandir en passant du mode artisanal au mode industriel
La croissance conduit à la question de l’industrialisation de l’entreprise. Il faut quitter le mode start-up, le statut de TPE ou de PME et passer à un modèle plus organisé sans perdre son âme. Ce moment se fait sentir quand la croissance entraîne son lot de désorganisations ou lorsque ce que l’on faisait bien à quelques-uns risque de se faire mal avec le développement de l’entreprise.
Dans une entreprise qui produit des équipements high tech , même si le fondateur est talentueux et reconnu mondialement pour ses compétences techniques. Même si la société est labellisée, malgré cela, si la société est mal structurée, quand le dirigeant après des années a compris ce qu’il fallait faire pour devenir réellement industriel, il est trop tard et nous ne pourrons qu’assister à la disparition de l’entreprise.
Défaut de compétence
Pourquoi faut-il industrialiser ? Les facteurs d’origine endogène sont nombreux qui poussent à l’industrialisation de l’entreprise : la compétence managériale devenue caduque, une croissance externe hasardeuse, la sous-capitalisation, des techniques de gestion de projets non maîtrisées couplées avec des processus internes inefficaces… Des facteurs exogènes telle l’évolution plus rapide que prévue des technologies qui font disparaître brusquement un marché naissant pour laisser place au suivant, peuvent aussi être à l’origine d’un processus d’industrialisation de certaines activités.
Comment passer de l’artisanat créatif à l’industrialisation ?
Il convient d’abord d’identifier et pallier la compétence managériale qui fait défaut. Comme partout, les hommes font la différence, et dans cette situation inconfortable pour l’entreprise encore plus qu’ailleurs. La caricature de ce genre de situation est souvent celle du dirigeant fondateur qui est un créatif frondeur et fait du micro management alors que sa société grandit. Souvent, il se révèle être le pire des dirigeants. Il doit alors accepter de laisser les rênes à de vrais managers.
Il faut ensuite analyser le « business model ». Les évolutions rapides des technologies peuvent aussi bien servir que desservir l’entreprise. Le bouillonnement des idées, l’effervescence créative, le fait que l’on ne sache pas encore ce qui marchera ou pas demain, entachent la lisibilité du business model. Un conseil, il faut une analyse en continu et comprendre où se crée la valeur et où se créent les pertes.
Organiser sa R&D
Dans ce contexte évolutif, certaines entreprises doivent investir massivement pour mettre en adéquation leur offre et le marché visé. L’enjeu est alors d’estimer correctement le laps de temps pour finaliser un produit, une offre, un service, d’évaluer correctement le délai de financement nécessaire de R&D.
Et il n’est pas rare ni étonnant qu’il faille beaucoup plus de temps que prévu. En effet, les problèmes techniques sont nombreux, les fausses pistes existantes, les changements d’orientation nécessaires.
Le droit à l’erreur doit être reconnu. Et les actionnaires et investisseurs doivent s’attendre, dès le départ, à être en support financier régulier.
Une autre difficulté fréquente de la situation est le risque de rupture existant entre l’équipe R&D qui, à juste titre, pense qu’elle est seule créatrice de valeur, et ceux qui tentent de valoriser sur le marché les produits issus de l’équipe de développement. Souvent, ces deux parties ont du mal à échanger et il peut s’avérer nécessaire de créer un étage intermédiaire pour la fluidification de cette communication. Cela peut être le département marketing ou une personne dédiée au marketing.
Le brevet facilite le financement et le développement des start-up
Détenir un brevet multiplie par trois les chances de succès d'une start-up.
30 % des jeunes pousses ayant déposé au moins un brevet ont soit fusionné ou ont été rachetées, soit ont réussi une introduction en Bourse. A titre de comparaison, ce destin « favorable » est celui de 8 % seulement des start-up dépourvues de titre de propriété industrielle.
De quoi faire réfléchir les entrepreneurs et les réseaux d'accompagnement, puisque seules 15 % des jeunes entreprises en France détiennent au moins un brevet en phase d'amorçage, contre 23 % en Allemagne. Et c'est bien dommage, car les brevets peuvent avoir un effet bénéfique et accélérateur. Par exemple, au moment de se présenter devant des investisseurs, un titre de propriété industrielle ou un dépôt en cours crédibilise l'innovation et donne une vraie valeur à l'activité.
C’est un passage obligé pour se faire financer !
Un facteur de succès
De même dans les biotechnologies, où l'entreprise doit travailler plusieurs années le développement de ses produits avant de réaliser le moindre chiffre d'affaires. Là encore, les brevets rassurent les business angels et les fonds d'investissement. 90 % de ceux qui parviennent à lever des fonds ont investi dans des brevets.
Et pas seulement en France ! La couverture géographique de la propriété intellectuelle à trois régions (Europe, Etats-Unis et Japon) améliore encore les chances de réussite. La qualité d'un brevet, qui se mesure à la capacité à bloquer des solutions alternatives, est également un facteur clef de succès. Un portefeuille de plusieurs brevets solides rend aussi la démarche de blocage plus efficace. La rédaction du brevet est elle aussi essentielle. Un texte truffé de failles rend l'innovation plus fragile.
Empêcher la concurrence de copier un concept inédit, c'est bien sûr l'un des objectifs clefs du brevet. Fondamental, si l'on veut imposer une innovation à l'international, aux Etats-Unis ou en Asie par exemple. Un véritable investissement que la start-up devra anticiper avec ses actionnaires dès la phase d'amorçage. Une protection efficace à l'international dans les pays clefs peut coûter environ 100.000 euros sur dix ans .
Doper les ventes
Sans atteindre ces montants, le budget propriété intellectuelle peut représenter tout de même 70 % des dépenses de R&D. Mais les perspectives de retour sur investissement peuvent être prometteuses. Les recherches de liberté d'exploitation vous montreront qu'aucun concurrent ne peut potentiellement y gêner votre activité. Etonnant non !
Les barrières érigées par un brevet peuvent certes sécuriser une stratégie de conquête à l'export, mais n'effacent pas tous les risques.
En réalité, plus qu'une arme anti-contrefaçon, les brevets facilitent la recherche d'un partenaire local, industriel ou financier, pour s'attaquer à un marché lointain. Les start-up qui ont développé une innovation brevetée s'ouvrent plus facilement les portes du marché nord-américain ou japonais, par exemple. Ce qui dope alors les ventes de l'entreprise.