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Cap Développement Conseil

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Peut-on prétendre être souverain, sans industrie de santé


Avec les ruptures d'approvisionnement d'amoxicilline, de paracétamol ou de masques, notre souveraineté sanitaire est interrogée. 

En quinze ans, notre industrie pharmaceutique est passée de la 1re place à 4e place en Europe. Et les conséquences en sont perceptibles par chacun.

Les délais de notre industrie, nationale et européenne, pour produire un vaccin Covid-19 interrogent notre souveraineté sanitaire. Sans accès aux solutions américaines, quel aurait été notre sort ? Ou plus exactement, peut-on prétendre « être souverain » quand nous ne saurions faire face à de tels épisodes tandis que d'autres continents seraient en mesure de le faire ?

L'amoxicilline instille le doute 
Les carence dans les pharmacies de paracétamol ou amoxicilline touchent une corde sensible : 
    La santé de nos enfants en pâtit. 

Si cela ne mettra pas notre pays à genoux, si cela ne révèle rien sur nos capacités de recherche, de telles carences de produits de base instillent un doute additionnel sur la solidité de notre système économique et de santé.

Notre pays doit s'accorder sur son ambition. Mettre la santé comme l'une des deux priorités, n'est-ce pas formuler implicitement le souhait que notre industrie de santé retrouve la place qui était la sienne ?
Contrairement aux affirmations des sempiternels défaitistes, les solutions existent. 
La relocalisation du paracétamol le prouve. Avec l'innovation, elle est compétitive et réduit significativement les impacts environnementaux. Double gain ! Les travaux avec l'industrie pharmaceutique sur les faiblesses de leurs chaînes d'approvisionnement démontrent une facilité de convergence sur les solutions opérationnelles. 
La question ne réside pas là.


Qui doit payer ?


Premier problème : si la relocalisation permet de sécuriser les approvisionnements et de réduire l'impact environnemental global, elle a aussi un coût. Et fût-il modeste, il n'est pas nul. La question est donc celle de sa répartition : le prix du médicament ou les marges du secteur ? La prise en compte de la localisation de la production dans le prix des médicaments, actée il y a un an avec le gouvernement, reste lettre morte, même pour les médicaments matures et peu rentables qui ne seront pas re localisables sans ce levier.

 

Deuxième problème : quand bien même nous le voudrions, pourrions-nous sécuriser tous les approvisionnements de santé, en totalité et en même temps ? Si les citoyens que nous sommes comprennent la réticence face à des listes prioritaires - la priorité des médicaments est celle des patients qui en dépendent : comment prioriser les patients ? -, les professionnels de l'industrie savent aussi qu'il faut bien commencer quelque part. Ayons la sincérité de reconnaître que nous dépendons à plus de 80 % de la Chine ou de l'Inde pour certaines familles de molécules. Ce n'est pas dans le déni qu'on construit l'avenir. Et si cela peut être difficile, assumons des priorités au lieu de continuer à procrastiner encore pendant des mois.
« L'excellence » détourne du « basique »

 

Troisième problème : l'innovation ne fait pas tout ! Si nous sommes sérieusement déclassés pour les médicaments biosimilaires, nous pourrions nous targuer d'être en mesure de recoller aux pays les plus innovants via France 2030 ou l'Agence de l'innovation en santé. Cependant pas d'industrie sans écosystèmes productifs, pas d'industrie de pointe sans produits de base. La focalisation sur « l'excellence », en l'occurrence l'innovation fondamentale, nous détourne de productions aussi essentielles que basiques. Et c'est peu dire, lorsqu'il y va de la santé.

 

Pas de vision du marché

En cause : l'absence d'un pilotage national de la production. Pour les médicaments anciens tombés dans le domaine public, des génériques essentiellement, chaque industriel apprécie seul les quantités à produire en fonction des données de son propre marché .
Chacun détermine au plus juste sa production pour éviter les pertes dues aux dates de péremption et aucun acteur n'a une vision globale du marché. Ce fut à l'origine de la pénurie en chaîne de corticoïdes en 2019 .
À la suite de cette pénurie, la plateforme TRACKStocks avait été mise en place par les instances industrielles mais elle « ne semble pas être utilisée systématiquement en cas d'alerte par l'ANSM [l'Agence de sécurité du médicament] pour avoir une vision générale des stocks »

Des constats simples et de bon sens, valides dans bien d'autres domaines. Réunissons les acteurs pour une discussion franche entre pairs, et non entre administrant et administrés, soyons pragmatiques. 
Étant donné nos légitimes attentes issues de notre modèle social, notre système de santé a besoin d'une industrie de santé, et réciproquement.

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