Lors des premiers tours de table, ce n'est pas tant la start-up qui est valorisée, que sa fondatrice ou son fondateur. Décryptage des caractéristiques « porteuses » qui permettent de lever plus d'argent.
Il est largement admis par les chercheurs et l'écosystème entrepreneurial que lors des premières années, les investisseurs s’intéressent davantage à l’équipe entrepreneuriale qu'à l'entreprise. Les différentes études académiques parues sur le sujet confirment que les caractéristiques des entrepreneurs sont des éléments fondamentaux et indissociables de la valorisation des start-up en phase de levée de fonds.
Les traits de personnalité
Sans surprise, des caractéristique intangibles telles que la ténacité, le leadership ou la persévérance sembleraient avoir un impacts positif sur la valorisation des start-up. Mais ces travaux restent toutefois peu nombreux et assez exploratoires.
L'expérience
Le fait que les entrepreneurs disposent d'une préalable expérience professionnelle dans le management ou l'industrie influe également de manière positive sur la valorisation. Il en est de même avec l'expérience entrepreneuriale : les investisseurs semblent prêts à payer plus cher une entreprise dont le dirigeant est serial-entrepreneur.
A moins que l'expérience préalable de ces fondateurs ne leur donnent les compétences et clés pour mieux négocier avec les fonds de capital-risque au moment de la levée de fonds ? Les études en question n'arbitrent pas ce point. Certains travaux, minoritaires, tendent au contraire à prouver que les serial-entrepreneurs ne bénéficient pas de meilleures conditions lors de leurs levées de fonds.
Le bagage académique
Le type d'études supérieures réalisées importe beaucoup, lui aussi. Une formation en management ou technologie, comme des études d'ingénieur ou de sciences dites « dures », pèse plus dans la balance. L'addition des deux permet plus encore de bénéficier d'une meilleure valorisation de l'entreprise. Cela converge avec ce que disent rechercher les investisseurs en capital-risque, à savoir des double profils, mixant savoir-faire humain et managérial, et connaissance, au moins basique, des technologies modernes.
Les travaux empiriques trouvent toutefois des effets modérateurs selon les secteurs. S'il est rassurant pour des investisseurs que le fondateur d'une start-up dans les technologies spatiales soit diplômé en sciences et en management, cela semble a priori moins essentiel qu'il cumule ces titres pour la création d’un réseau de restaurants en franchise. De leur côté, les détenteurs de doctorats bénéficient aussi de meilleures conditions de valorisation financière pour leurs start-up, notamment dans les secteurs les plus émergents scientifiquement émergents et les plus exploratoires.
Le genre ?
Les femmes lèvent-elles des fonds dans des conditions de valorisation moins favorables que les hommes ? Malgré l'écho autour de ce sujet ces dernières années, l'impact du genre des entrepreneurs est peu étudié par la recherche et les résultats des quelques études existantes ne convergent pas. Certains travaux démontrent en effet que les femmes entrepreneurs reçoivent moins de capital pour le même niveau de dilution capitalistique.
Mais d'autres études n'identifient pas d'impact du genre en général et de la féminité en particulier, sur la valorisation des start-up. En tout cas aucune étude ne démontre que les start-up dirigées par une ou plusieurs femmes bénéficieraient d'un premium de valorisation par rapport à leurs homologues dirigées par des hommes.
L'effet miroir
Les investisseurs n'oublient pas en arrivant au bureau leurs préférences affinitaires et culturelles. Une étude de Bengtsson et Hsu (2015) démontre ainsi que les similitudes entre des investisseurs et entrepreneurs de cultures et d'origines japonaises, coréennes, chinoises, indiennes, juives, russes, hispaniques ou vietnamiennes aux Etats-Unis génèrent des valorisations supérieures. Cela pourrait d'ailleurs expliquer la grande diversité ethnique et culturelle des équipes de capital-risque américaines, afin de limiter de tels biais culturels.