La France a une force unique au monde : Les Françaises et les Français.
Ils / Elles sont les premiers maillons de la ré-industrialisation et de la survie du modèle sociale de la France.
Le plan de nos politiciens, qui vise à revitaliser l'industrie française, manque d'ambition. L'épargne des Français pourrait servir l'investissement industriel.
« Il existe une poche qui n'a jamais été fléchée vers l'investissement industriel : 5 % de l'épargne des Français permettrait de dégager 300 milliards d'euros. » (Mazars/Pool/SIPA)
L'Europe industrielle est prise en étau entre les Chinois et les Américains. En témoigne la mutation du secteur automobile : 19 % des voitures vendues en Europe en 2023 sont fabriquées en Chine. Et la vague ne fait que commencer car les Chinois dominent la chaîne de valeur de l’électrification et la Chine est devenu, en 2023, premier exportateur mondial de voitures.
Sur le haut de gamme, c'est l'américain Tesla qui domine les ventes. En retour, la Chine a verrouillé son propre marché en interdisant les batteries qui ne sont pas fabriquées sur place. Et les Etats-Unis font de même avec l’Inflation Reduction Act, qui a incité par exemple Tesla à rapatrier une ligne de batterie de Berlin vers Austin.
300 milliards d'euros d'épargne
Structurellement, l'Europe est, de plus, handicapée par un prix de l'énergie de plus en plus insoutenable par rapport à ses deux rivaux. Pouvoir d'achat, décarbonation, relocalisation : le prix de l'électricité est triplement stratégique. Or la consommation d'électricité va augmenter d’au moins 50% d’ici à 2030.
Nous avons une force unique au monde : le citoyen européen tient à son modèle social et exige une décarbonation accélérée.
Comment trouver les milliards qui nous manquent pour assumer une politique de réciprocité équilibrée ? Il existe une poche qui n'a jamais été fléchée vers l'investissement industriel : 5 % de l’épargne des Français qui permettrait de dégager 300 milliards d'euros.
La force de Tesla, c'est l'électrification, mais c'est surtout un modèle industriel fondé sur l'utilisation massive des données. L'initiative française pour créer des « gigafactories » est donc un plan de rattrapage.
Comment reprendre l'avantage ? Nous avons une force unique au monde : le citoyen européen tient à son modèle social et exige une décarbonation accélérée.
Attirer les talents
Les Européens devraient être les premiers à recycler les matières premières comme le lithium, ou à faire naître les licornes de demain, digitales, mais surtout circulaires et responsables. L'opportunité associée à l'industrie circulaire est massive. Elle nous rendra moins dépendants de la Chine tout en augmentant la valeur d'usage des actifs et en recréant une activité locale pour financer notre modèle social.
Aujourd'hui, la clé du succès pour réindustrialiser, c'est d'attirer les talents dans les usines. Or le discours politique est trop souvent inadapté et inconstant. Par exemple, on parle des « plus gros pollueurs ». De même, la mobilité est souvent abordée pour parler des externalités négatives associées. Ou encore quand les industriels de l'agroalimentaire sont mis en lumière, c'est pour évoquer leurs marges soi-disant trop importantes.
Or, pour pivoter vers une industrie circulaire nous avons besoin d'industrie lourde. Malgré les tensions sur le pouvoir d'achat et le CO2, la mobilité est toujours considérée comme une liberté fondamentale. Pour transitionner vers une agriculture décarbonée, les industriels doivent faire de la marge pour investir.
Pierre angulaire de l'action politique
Ces trois sujets montrent combien il est important de faire preuve de pédagogie si nous voulons éviter le drame du nucléaire : discours décliniste, difficultés de recrutement, secteur peu compétitif… Enfin, la néo-industrie ne se fera pas qu'avec des start-up. Chaque entreprise doit se transformer pour prendre le meilleur de la tech, et pivoter vers l'industrie circulaire.
Pourquoi les start-up sont-elles si disruptives ? Contrairement aux idées reçues, il ne s'agit pas tant de technologies que de culture et d'état d'esprit des dirigeants. Réfléchir en mode réseau, innover de façon itérative dans le développement des produits, collaborer en temps réel, décider vite, responsabiliser…
La ré-industrialisation n'a jamais été aussi cruciale pour notre avenir. Nous n'y arriverons qu'en étant ambitieux, courageux, cohérents et constants. Faisons-en une véritable pierre angulaire du discours politique .