Entre le directeur financier et le directeur juridique, il est peu de dire que l'ambiance n'est pas toujours au beau fixe. Enjeux de pouvoir, luttes d'ego, tensions entre les personnes… Les deux fonctions support éprouvent souvent quelques difficultés quand elles doivent travailler ensemble.
Les problèmes surviennent la plupart du temps quand un domaine d'expertise cherche à prendre l'ascendant sur l'autre.
Chantiers communs, regards croisés
Les deux hommes sont sur un pied d'égalité : ils siègent en général tous les deux au comex et rapportent chacun directement au PDG du groupe
Si les deux fonctions sont dépendantes hiérarchiquement l'une de l'autre, le risque de frictions est probablement plus important et susceptible de créer des zones de blocage inutiles et contre-productives.
Ces zones peuvent être nombreuses tant les chantiers menés conjointement par les deux hommes sont multiples.
Outre les dossiers de fusions-acquisitions, décrits comme un « élément clef » de leur interaction, le directeur juridique et le directeur financier préparent les différents rendez-vous relatifs à la gouvernance (assemblée générale, conseil d'administration, comités d'audit et stratégique) et travaillent de concert sur des sujets de nature plus technique comme la communication financière, les opérations de financement ou encore le contrôle et la gestion des principaux risques du groupe.
Face à la complexité toujours plus grande des réglementations et de l'environnement juridique et financier, il est devenu impossible de se passer d'une collaboration intime entre les deux fonctions
Ils travaillent donc ensemble pour assurer une circulation fluide et transparente de l'information et bénéficier d'un regard croisé sur l'analyse préventive des risques.
Travailler en synergie
Pour garantir une bonne entente entre eux, les deux professionnels se fixent un objectif commun qui transcende les possibles divergences de vues et autres débats d'experts, celui de la réussite de leur entreprise en se mettant au service des opérationnels.
En tant que gardiens du temple, leurs visions s'imbriquent et se complètent pour identifier au mieux les risques inhérents à chaque métier et à chaque opération. A force de se côtoyer, ils ont appris à comprendre leurs contraintes respectives et à adopter un dialogue fait de respect et de transparence.
Au-delà des deux managers qui ont « une bonne connaissance l'un de l'autre », leurs équipes respectives ont aussi dû apprendre à travailler ensemble. « Il est indispensable que, dans les deux fonctions, les uns s'adressent aux autres en amont des problématiques avec un fonctionnement le plus synergétique possible. Au quotidien, les juristes et les financiers collaborent sur des sujets transversaux sous forme de binômes ou dans le cadre de groupes de travail plus large.
Il y a des problématiques où l'analyse croisée est absolument indispensable. Lors d'un contentieux important, par exemple, il y a non seulement une estimation des passifs potentiels à effectuer, mais également des choix sur le traitement comptable à leur appliquer. Tant le juriste que le financier ne peut y parvenir isolément. D'où l'intérêt qu'ils s'entendent bien.
À noter
51 % des directeurs juridiques sont rattachés à la direction générale contre 16 % à la direction financière, selon une Cartographie des directions juridiques.